Nuit d'ivresse printanière / Lou Ye

Publié le par Limess




Sortie: Prochainement

> L'histoire:
Nankin, de nos jours, au printemps. La femme de Wang Ping le soupçonne d'infidélité. Elle engage Luo Haitao pour l'espionner et découvre ainsi l'amour que son mari porte à un homme, Jiang Cheng. C'est avec lui que Luo Haitao et Li Jing, sa petite amie, se jettent alors à corps perdu dans une folle équipée amoureuse. C'est pour tous trois le début de nuits d'ivresse suffocantes, qui égarent l'esprit et exaltent les sens. Un sulfureux voyage aux confins de la jalousie et de l'obsession amoureuse.

Interdit de tournage en Chine depuis la présentation à Cannes d'Une jeunesse chinoise, Lou Ye revient sur la croisette avec Nuit d'ivresse printanière, tourné totalement clandestinement. Une contrainte de réalisation qui donne à ces Nuits là un cachet tout à fait particulier. Lou Ye suit ainsi une galerie de personnages à travers les jeux de l'amour et du hasard sur fond de libération de moeurs. Ici, les couples se forment tout aussi rapidement qu'ils se détachent, qu'ils soient composés par deux ou trois personnes, hétéros comme homosexuelles. Caméra à l'épaule, le réalisateur filme dans l'urgence, donnant souvent l'impression de travailler sur l'instant et l'immédiateté. Au point de percevoir en permanence sa présence à l'écran, dans la manière de bouger la caméra, donnant à sa réalisation un côté voyeuriste. D'ailleurs, Lou Ye ne s'en cache pas, traitant d'un sujet amoureux sur fond d'espionnage, n'hésitant à filmer dans le coin d'une porte ou derrière une vitre.



Ce choix de mise en scène renforce tout le côté transgressif de l'oeuvre, fascinant par sa capacité à traiter aussi librement de la sexualité dans un pays comme la Chine, répressif et tourné sur lui-même. Sentiments et sexe se mêlent dans un ballet aussi doux que cru et violent. Un tourbillon d'émotions et d'expériences érotiques. L'ivresse du titre est à l'image de cette jeunesse sans tabous, dans une société qui pourrait bien être prête pour une profonde mutation. Mais, si Lou Ye travaille sur un mode plutôt contemplatif, laissant ses personnages voguer de partenaires en partenaires, Nuit d'ivresse printanière manque d'un peu de souffle pour nous emporter totalement. La sensation de naviguer sans but venant parfois prendre le pas sur la sensualité de son intrigue. Néanmoins, on ne peut que louer la démarche courageuse de ce cinéaste, ne cherchant jamais à contourner la censure, filmant frontalement des scènes de sexe très "physiques", notamment une sous la douche. Juste et assez hypnotisant dans son genre !




> Festival international de Cannes 2009: Prix du scénario

Crédit photo: Rosem Films

Publié dans Festivals

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
Ca doit être un des films les plus intéressants et les plus sincères de ce festival... j'espère qu'il ne sera pas privé de sortie ciné car Lou Ye m'avait subjugué avec une jeunesse chinoise et il faut que je vois celui-là!!
Répondre