La Route / The Road / John Hillcoat

Publié le par Limess

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Sortie: 02 décembre 2009

> L'histoire: Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s'est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d'un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien. Plus d'énergie, plus de végétation, plus de nourriture... Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut. C'est dans ce décor d'apocalypse qu'un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d'objets hétéroclites - le peu qu'ils ont pu sauver et qu'ils doivent protéger. Ils sont sur leurs gardes, le danger guette, l'humanité est retournée à la barbarie...

Adapté de l'un des plus célèbres romans de Cormac McCarthy, prix Pulitzer 2007, La Route s'inscrit à merveille dans cette nouvelle mouvance cinématographique propre à la décennie, conséquence directe des traumatismes liés au 11 septembre 2001. A savoir ce qu'il se passe non plus pendant l'apocalypse mais tout juste après, que se soit à travers Les Fils de l'homme ou plus récemment, et de manière décomplexée, dans Bienvenue à Zombieland. Ici, impossible de savoir d'où est venue la menace. Est-ce une attaque terroriste ou un violence bouleversement climatique ? L'homme est-il dans l'histoire un bourreau ou une "simple" victime ? Suivant un père et son fils, revenus à l'état primitif, La Route se construit comme une sorte de road movie pédestre, traversant une Amérique ravagée et détruite, recouverte d'une cendre aussi omniprésente que pénétrante. Résultats d'un grand feu de joie ou résidu de peau humaine ? Hors de question de s'appesantir sur des questions de ce genre, l'apocalypse est ici un fait, le tout est maintenant d'y survivre. De manière moins prononcée que dans le livre, John Hillcoat donne ainsi à voir la "nouvelle" vie précaire de ce père et de son fils, répétant inlassablement les mêmes gestes chaque jour. Chercher à manger. Visiter quelques lieux abandonnés. Pousser encore et encore ce vieux caddie dans l'espoir, un jour, d'atteindre la mer. Trouver un lieu pour dormir. Rester le plus à l'écart possible des autres survivants, l'humanité n'étant plus tout à fait ce qu'elle était. Le cannibalisme ayant pris la place de tout autre comportement alimentaire, arrachant un peu plus encore les derniers êtres humains à leurs anciens modes de vie et codes moraux, disparus au même moment que la civilisation...
 

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Là réside tout l'intérêt de La Route, oeuvre plutôt contemplative et répétitive, reposant uniquement sur ces deux êtres de la même famille, symbolisant à eux seuls les restes d'une humanité étriquée. Car alors que la majorité a fait le choix de laisser de côté ses anciens idéaux, ce père cherchera tant bien que mal à inculquer encore quelques valeurs à son fils, quitte à se retrouver parfois dans des situations complètement paradoxales. "On est les gentils, hein Papa ?" répète le petit en boucle. "Oui" lui répond t-il avant d'arracher les vêtements d'un homme totalement désemparé, comme une ultime tentative de survie. Continuant à lui lire des histoires, à éveiller son imaginaire avant de lui planter un flingue sur la tempe à la moindre menace, préférant le voir mourir de ses mains plutôt qu'avaler par quelques inconnus. A ce titre, qui de mieux que Viggo Mortensen pour incarner un rôle aussi complexe et ambigu, lui qui apparaît comme l'un des acteurs les plus sidérants de sa génération, impressionnant par sa large palette de jeu et d'émotions. Et s'il n'est pas un film totalement réussit, La Route reste néanmoins un exercice de style et une histoire aussi intrigante qu'envoûtante, nous plongeant dans ces paysages dévastés paradoxalement d'une pure beauté. Difficile de mettre en images un livre comme celui de McCarthy, John Hillcoat aura dans tous les cas eu le courage de s'y atteler même si sa Route manque souvent de souffle et de romanesque pour totalement nous fédérer.

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1. Charlize Theron: Loin de la terre brûlée
2. Garret Dillahunt: No Country for Old Men / La Dernière maison sur la gauche
3. Robert Duvall: La Nuit nous appartient

> Mostra de Venise 2009: en compétition

Crédit photo: Metropolitan FilmExport

Publié dans En salles

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P
<br /> un grand et beau film, qui m'a bouleversé !<br /> et un lien de mon site vers ton site, parce que j'aime bien ce blog ! (je me permets... ;)<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Merci beaucoup :)<br /> <br /> <br />
M
<br /> C'est vrai que la fin manque peut-être de rythme et de souffle par rapport à tout le reste, mais quelle claque quand même, quelle mélancolie superbe et terrifiante (ça pourrait arriver...). Du<br /> coup, je suis en train de lire le roman, épuré au possible, débarrassé de tout, mais puissamment évocateur. Rétrospectivement, je trouve qu'Hillcoat s'en sort vraiment bien car le bouquin paraît<br /> dur à adapter dans sa nature si dépouillée et si sèche.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Je suis complètement fascinée par le livre que je suis actuellement en train de lire. C'est un régal qui me fait voir le film de manière différente. Mais, l'adaptation est d'une fidélité<br /> incroyable et je suis assez d'accord avec toi, il s'en sort pas trop mal !<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> J'avais été foncièrement déçu par ce film. Disons que je m'attendais plus à 2012 version dark et sombre. Dommage !<br /> <br /> PS : mon site est enfin accessible ! Tous les problèmes ont (en principe) été réglés !<br /> <br /> <br />
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V
<br /> Cela n'a pas l'air mal. Je crois que je vais aller le voir...<br /> <br /> N'hésitez pas à visiter mon blog :<br /> http://victordelrey.over-blog.com/<br /> A bientot<br /> <br /> <br />
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