La femme invisible, d'après une histoire vraie / Agathe Teyssier

Publié le par Limess




COUP DE COEUR

Sortie: 22 juillet 2009


> L'histoire: "Au début, je n'y ai pas cru. Je pensais que les autres ne me voyaient pas parce qu'ils ne faisaient pas attention à moi, parce qu'ils ne me trouvaient pas intéressante, parce qu'au fond, j'étais nulle. C'est après que j'ai compris que, par moment, je devenais vraiment invisible. J'étais là et on me voyait plus! Quelque chose qui n'arrive jamais était en train de m'arriver, à moi."

Premier long métrage d'Agathe Teyssier, La femme invisible est un charmant petit film. Le genre qui séduit autant pour ses qualités que ses faiblesses. Sous couvert d'une trame un peu fantastique, l'oeuvre contant l'histoire de Lili, une jeune femme ayant sans cesse l'impression de disparaître, La femme invisible est une jolie réflexion sur le passage de l'enfance à l'âge adulte. Peut-on toujours entretenir ses rêves, même plus âgé ? Ou doit-on se satisfaire d'une existence banale, bien loin des contes de fées dont on fantasmait dès la période des couches culottes. Sauf que Lili, elle, n'a, au contraire, rien d'une trentenaire lambda. Elle jouit d'un pouvoir immense, celui de devenir invisible. Un handicap, pourtant, pour elle, comédienne à ses heures, vivant chez sa soeur et en soit, déjà tare de la famille. Elle n'avait pas besoin de ça pour se démarquer. Film de femme et pour les femmes (?), La femme invisible apparaît ainsi comme une sorte de méditation sur la place que l'on peut se creuser dans une société et la difficulté d'être "différent". De ne pas rentrer dans un moule. Ne pas exercer une profession ordinaire. Ne pas avoir d'enfants à trente ans ou même de copain fixe. Soit un premier long qu'on imagine foncièrement autobiographique - être réalisatrice n'étant finalement pas banal - mais qui se révèle, dans son traitement, beaucoup plus universel.


Pourtant, ce n'est pas forcément cela qui retient l'attention face à cette Femme invisible là. Car le film d'Agathe Teyssier est avant tout une comédie plutôt surprenante en son genre, cultivant un humour décalé proche de ce que l'on pourrait voir chez Michel Gondry. Situations loufoques et personnages bizarres, le long métrage fonctionne beaucoup grâce à un scénario creusé et à l'interprétation de son excellent casting. A commencer par Julie Depardieu, apportant cette touche mélancolique qui la caractéristise. A ses côtés, Micheline Dax, Charlotte Rampling ou Eric Naggar s'en donne à coeur joie dans des rôles totalement barrés, créant des scènes absolument divines. Car la particularité d'Agathe Teyssier, c'est qu'elle n'utilise pas d'effets spéciaux. Ainsi, si Lili disparaît pour les protagonistes, il n'en est pas de même pour le spectateur. Et il faut là voir, Julie Depardieu, déambuler dans les couloirs de cet étrange institut, ardoise autour du cou indiquant à chacun qu'elle est bien ici. Absurde et drôle, La femme invisible est un film plutôt étonnant, ouvrant ses portes, dans un final grandiose - en présence de la toujours excellente Jeanne Balibar -, à un univers coloré où les supers héros vivraient à nos côtés. Soit une petite douceur estivale, pétillante et idéale.




1. Julie Depardieu: Le bal des actrices
2. Charlotte Rampling: Le bal des actrices / Quelque chose à te dire
3. Jeanne Balibar: Le bal des actrices

Crédit photo: Shellac 

Publié dans En salles

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