The element of crime / Forbrydelsens element / Lars Von Trier

Publié le par Limess





Sortie: 30 janvier 1985

> L'histoire: Un psychanalyste tente de faire revivre à l'inspecteur Fischer les événements qui l'ont traumatisé. Celui-ci mène une enquête sur des crimes atroces, et décide d'appliquer la théorie de son montor : un policier doit s'identifier à l'auteur du crime s'il veut espérer l'élucider.

Premier long métrage de Lars Von Trier, The element of crime est une oeuvre opaque et particulièrement dense où un inspecteur sous hypnose se remémore les événements clés d'une enquête qu'il a mené en Europe. Dans cet état semi-conscient, Fisher expose les faits tels qu'ils sont, créant une reconstitution à la limite du surréalisme. Certains éléments arrivant comme des apparitions. Sorti dans les années 80, The element of crime pourrait d'ailleurs se voir comme une sorte de préquel à ce qui se fera aux Etats-Unis dans les années 90, autour de cette fameuse figure du serial killer. On est ici proche d'une intrigue à la Usual Suspects, les apparences n'étant jamais ce qu'elles sont. Lars Von Trier nous engouffre ainsi dans un récit à la limite de la schizophrénie, l'inspecteur Fisher testant une étrange méthode d'investigation: se mettre dans la peau du tueur afin de mieux le comprendre. Quitte à dormir dans les mêmes chambres d'hôtel que celui-ci. Ou à coucher avec la même femme... Rappelant souvent la folie des intrigues d'Orson Welles ou de Fritz Lang, l'ironie tragique finale comprise.


D'ailleurs cette comparaison à ses deux grands réalisateurs n'est pas du tout fortuite, Lars Von Trier travaillant sur une recherche esthétique complètement hallucinante, proche de ce qu'ils ont pu faire auparavant. La puissance de la forme prenant même souvent le pas sur la complexité de l'intrigue. Le cinéaste nous plonge ainsi dans un univers glauque à l'atmosphère moite et oppressante où les décors crasseux se retrouvent souvent immergés dans l'eau. Créant une sensation poisseuse. Aux cadavres en décomposition de chevaux - dont on exécute certains sous l'oeil de la caméra - se mêlent des décors types du polar - hôtels, quais - que Lars Von Trier isole en permanence dans ses cadres, donnant une sensation d'avancer dans un univers surréaliste, proche de la science-fiction. Renforçant le tout par l'utilisation d'une lumière orangé, baignant l'intrigue dans un monde couleur rouille et particulièrement repoussant. The element of crime est d'ailleurs à ce titre assez incroyable, Lars Von Trier faisant preuve d'une inventivité sans limite question mise en scène. Une oeuvre rare et intrigante en son genre, bien loin des productions les plus connues du cinéaste.




1. Lars Von Trier: Antichrist / Images d'une libération

> Festival international de Cannes 1984: En compétition / Grand prix de la commission supérieure technique


Crédit photo: Les films du losange

Publié dans Ciné-club

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