Ivul / Andrew Kötting
Sortie: 20 janvier 2010
> L'histoire: Amoureux de sa soeur (Adelaïde Leroux) depuis sa plus tendre enfance, Alex (Jacob Auzanneau) se voit bannir de la maison familiale de son père (Jean-Luc Bideau) le jour où il décida de passer à l'acte. Furieux de cette pseudo injustice, celui-ci prend alors la décision d'escalader le toit, jurant dès de ne plus jamais remettre un pied à terre...
Dépaysement total pour Andrew Kötting, vidéaste et réalisateur britannique, livrant avec Ivul une drôle d'oeuvre à mi-chemin entre la fiction et le cinéma expérimental, étrange réflexion sur les affres d'une famille bourgeoise, originaire de Russie. Isolée dans les montagnes pyrénéennes, celle ci vit totalement reclus derrière les murs de son immense demeure, laissant voguer ensemble enfants et adolescents, parents et hommes de main. En introduisant son troisième long métrage par un assemblage d'images d'archives, Andrew Kötting lui crée même instantanément une histoire que l'on devine assez lourde, emplie de trous noirs et de mystères en tout genre. Chez les Ivul, les anecdotes et les cachotteries semblent ainsi peser sur chacune des pièces de cette grande maison vide, devenant bientôt le témoin privilégié des premiers désirs adolescents. Car alors que Freya, l'aînée, se prépare à partir étudier la littérature en Russie, celle-ci décide d'offrir à son frère Alex un ultime cadeau d'adieu: la possibilité de l'embrasser, lui qui l'aime un peu trop depuis déjà bien longtemps. Quelques caresses maladroites et déplacées plus tard, Alex se verra alors tout simplement bannit de son foyer, pris en flag par ce père autoritaire complètement dépassé par les événements. Là commence alors la lente dissolution, puis dislocation de cette famille étrange, doucement rongée par des maux inavouables. Ivul se construisant dès lors autour de la mise en parallèle entre la nouvelle vie d'Alex, ayant juré de ne plus redescendre sur terre, et sa famille, plongée progressivement dans le désespoir le plus complet face à cette disparation brutale.
Ainsi, Ivul avait tout pour bien démarrer, lui qui jouait aussi bien des figures scénaristiques et stylistiques, notamment par la création sous la forme de métaphores de certaines situations sur le mode de l'expérimentation. A l'instar de cette scène où ce frère et de cette soeur, marchant côte à côte, se retrouvent filmés en marche arrière, eux qui suite à leur acte ne pourront plus jamais revenir dans le passé. Pourtant, trop accaparé par ses effets de mise en scène, opposant naturalisme - Alex dans les arbres - et forme théâtrale - la famille, filmée parfois à même un fond noir -, Andrew Kötting en oublierait presque son scénario, énorme gloubiboulga sans queue ni tête. Mettant au centre de son histoire un Alex complètement à la ramasse voguant d'arbre en arbre et la descente aux enfers de ses parents, entre crises de nerfs et alcoolisme précoce... S'appuyant alors sur des personnages nullement identifiés, à l'image de cet homme à tout faire, Lek, fervent défenseur de la cause russe. Et alors que le film se voulait une dissection de la famille bourgeoise, voir une réflexion sur l'adolescence et le tabou de l'inceste, Ivul tourne pourtant rapidement à vide, le cinéaste semblant incapable de se détacher d'une histoire probablement un peu trop autobiographique. Ennuyeux, lourd et redondant, Ivul a ainsi de quoi laisser rapidement plus que perplexe, lui qui se révèle être une expérience cinématographique malencontreusement un peu indigeste, peu convaincante et pas vraiment passionnante pour un sous...
1. Jean-Luc Bideau: La Famille Wolberg
> Festival Cinessonne 2009: en compétition
Crédit photo: Ed Distribution