La Reine des pommes / Valérie Donzelli

Publié le par Limess

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COUP DE COEUR

Sortie: 24 février 2010

> L'histoire: Adèle (Valérie Donzelli), trentenaire, se retrouve complètement déboussolée lorsque Mathieu (Jérémie Elkaïm), l'amour de sa vie, en vient à la quitter. Anéantie, elle se réfugie chez sa cousine Rachel (Béatrice de Staël) qui accepte de l'héberger chez elle. Bien décidée à lui faire sortir la tête du trou, celle-ci tente de lui redonner goût à la vie en lui donnant le meilleur conseil possible afin de l'oublier: coucher avec d'autres hommes pour désacraliser cette histoire !

Découvert, par hasard, lors d'un festival dédié aux longs métrages européens, La Reine des pommes, premier film en tant que réalisatrice de l'exubérante Valérie Donzelli, m'est instantanément apparu comme une véritable bouffée d'air frais dans une compétition très centrée sur les drames en tout genre. La réalisatrice / actrice / scénariste donnant à voir une sorte de vaudeville moderne où Adèle, trentenaire parisienne, se fonderait parfaitement dans la masse en alter-égo de Bridget Jones. Voguant d'homme en homme dans l'espoir d'oublier celui qui lui brisa le coeur. Sauf qu'Adèle n'est pas vraiment quelqu'un que l'on pourrait qualifier d'avoir les pieds sur terre, se lançant toujours à coeur perdu dans de nouvelles aventures, bercée par une naïveté des plus touchantes. Passant des bras d'un étudiant à ceux d'un bourgeois marié et quelque peu obsédé sur les bords ou d'un inconnu particulièrement troublant et fantasque. Soutenue par sa cousine Rachel, directe mais toujours de bons conseils, cachant son oeil malade ressemblant à une méduse derrière ses lunettes noires, Adèle se retrouvera alors dans des situations toujours plus abracadabrantes, de plus en plus gigantesques. Glissant d'un parc parisien à une délicate posture contre un volant de voiture ou une cité universitaire. Réservant son lot d'événements explosifs et hilarants, proposant une réflexion sur les rapports amoureux qui, sous-couvert de légèreté, se révèle plutôt intelligente. A l'image de cet échange de sms virulents que l'on se voit, comme Adèle, déjà envoyé.

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Muni d'un budget ridicule, entouré d'un casting de seconds rôles que l'on imagine constitué de proches - des cinéastes Gilles Marchand, Serge Bozon ou Dominik Moll à l'actrice / réalisatrice Lucia Sanchez, qui fut pour l'anecdote l'une de mes profs de fac -, Valérie Donzelli palie son manque de moyens par une inventivité à toutes épreuves, aussi bien en terme de mise en scène que scénaristiquement. Donnant à Jérémie Elkaïm les traits de tous les premiers rôles masculins du film, le laissant enfiler son imperméable et ses petites lunettes pour incarner Jacques, sa marinière pour Pierre, son sweat à capuche pour Paul. Un procédé de mise en scène d'où découlera, aussi par la suite, une médiation judicieuse sur l'impossibilité de se défaire du visage de l'être aimé. D'une simplicité apparente, par l'utilisation d'une caméra dv, d'un format 4/3, de la réduction de l'éclairage ou le dépouillement de l'intrigue - Pierre, Paul et Jacques -, en résulte une liberté de ton incroyable, jouant à la fois sur la folie des situations et un art stupéfiant de la réplique. Que ce soit lors des dialogues - "Vous c'est votre sperme qui déconne, moi c'est mon oeil. Chacun son boulet" - aux passages chantés, écris en collaboration avec le grand Benjamin Biolay - "J'aimerais mourir, assassinée comme une héroïne d'Hitchcock par un amant qu'elle aimait tant". Perle d'humour, comédie loufoque et rafraîchissante, La Reine des pommes est ainsi sans conteste le film idéal en cas de coup de blues. Un long métrage pétillant, drôle et bouillonnant dont on ne veut plus jamais se défaire.

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> Festival Cinessonne 2009: en compétition
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Crédit photo: Shellac

Publié dans En salles

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