My Son, My Son, What Have Ye Done / Werner Herzog

Publié le par Limess

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Sortie: 10 septembre 2010 (Irlande)

> L'histoire: Dans une petite banlieue tranquille, un crime a été commis. Un homme plutôt dérangé, Brad (Michael Shannon) a assassiné sa mère. Alors qu'il s'est retranché chez lui et que la police encercle sa maison, l'inspecteur Hank Havenhurt (Willem Dafoe) tente de comprendre, avec l'aide de la fiancée de celui-ci (Chloë Sevigny) et un de ses amis (Udo Kier), les raisons de son acte...

Tourné dans la foulée de Bad Lieutenant et présenté la même année au festival de Venise, My Son, My Son, What Have Ye Done n'a pourtant pas connu le même destin que son prédécesseur. Enchaînant les festivals - Toronto, Edinburgh -, cantonné à une micro sortie sur le territoire américain ou britannique quant il n'est pas directement destiné au circuit dvd. C'est pourtant une oeuvre incroyablement fascinante que nous livre Werner Herzog, explorant une fois encore les tréfonds de son thème de prédilection, à savoir la chronique d'une folie à hauteur d'homme, quasi quotidienne. A travers une mise en scène dépouillée, presque lo-fi, le cinéaste reconstitue les pièces d'un puzzle macabre: l'assassinat d'une mère de famille par son fils unique, Brad, dans une petite banlieue américaine, comme issue de l'imagerie burtonienne. Se déroulant le temps d'une poignée d'heures, le film prend pour unique unité d'action l'encerclement de la maison de Brad, retranché chez lui après le meurtre avec des otages. N'entrant jamais dans le domicile, Werner Herzog adopte le point de vue des policiers, comme figés, guettant les moindres mouvements de rideaux, attendant patiemment les ordres de Brad. Distillant une tension au bord de l'insupportable pour une ambiance particulièrement étouffante et écrasante. Il faut dire que le cinéaste semble comme sous influence, puisant allégrement dans l'univers de son producteur exécutif, David Lynch. Musique sourde, lumière crépusculaire, le récit semble ainsi toujours au bord de la folie, prêt à sombrer dans des recoins fantastiques, quasi mystiques. Et alors que le temps semble comme suspendu sur cette petite contrée, l'inspecteur de police Hank Havenhurt tentera alors de comprendre les raisons de ce passage à l'acte, grâce aux récits de la fiancée de celui-ci et un ami, metteur en scène de la pièce de théâtre dans laquelle elle jouait avec Brad. Présentant alors, lors de flash-back, des créatures lynchiennes, effrayantes et angoissantes pour de vraies gueules de cinéma. A commencer par la mère de Brad, incarnée par Grace Zabriskie, échappée de Twin Peaks - tiens donc !

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Mère étouffante, carrière de comédien ratée, hallucinations, le film revient sur la lente déchéance de son personnage principal, suite à un voyage au Pérou, à travers le récit de ses connaissances. Ne lui donnant jamais vraiment la parole, ne restant que d'un point de vue extérieur. De part ce procédé narratif, le cinéaste effectue ainsi une sorte de pirouette en ne répondant jamais vraiment à sa première question: que s'est-il passé pour en arriver là ? Le film se construisant sur une succession de flash-back censés exposer le déroulement des événements, sans prendre le parti de Brad. Tel un gigantesque MacGuffin. Car au fond, peut-on vraiment expliquer ce geste ? Chronique d'une étrangeté quotidienne, le film met avant tout en scène la lente dépression d'un homme jamais vraiment à sa place. Facilement influençable, ne discernant pas toujours la différence entre fiction - la pièce de théâtre - et réalité. Tentant d'agir de manière adulte - il est sur le point d'épouser sa fiancée - alors que sa mère vit encore avec eux, le cantonnant volontairement dans un rôle de petit garçon - elle lui apporte à manger dans sa chambre, le force à goûter de la gelée. Dès lors, de part un budget que l'on devine réduit, Werner Herzog donne la part belle à ses comédiens. Mettant en scène un Michael Shannon une fois de plus saisissant, particulièrement inquiétant dans un rôle qu'il affectionne, de Bug aux Noces Rebelles. Celui d'un fou, yeux globuleux, toujours sur le point de s'enflammer. Dans la lignée d'Aguirre, la colère de Dieu ou même de son récent Bad Lieutenant, Werner Herzog livre ainsi une oeuvre inspirée, magnétique et obsédante. A croire que le cinéaste n'a décidément pas fini de nous surprendre...

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> Michael Shannon: Les Noces rebelles, The Runaways / Willem Dafoe: Antichrist / Chloë Sevigny: The Brown Bunny / Udo Kier: Dogville, Soul Kitchen


Crédit photo: United Pictures

Publié dans En salles

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F
<br /> Mazette ! Finalement c'est pas si mal l'exil ;)<br /> J'ai vraiment hâte de découvrir ce film et à te lire, j'ai bien raison.<br /> <br /> <br />
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