Une famille brésilienne / Linha de passe / Walter Salles et Daniela Thomas

Publié le par Limess





Sortie: 18 mars 2009

> L'histoire: Sao Paulo. 20 millions d'habitants, 200 kms d'embouteillage, 300 000 coursiers. Au coeur de cette ville en transe, quatre frères essaient de se réinventer de manières différentes. Reginaldo, le plus jeune, cherche obstinément son père ; Dario rêve d'une carrière de footballeur, mais l'âge, 18 ans, le rattrape ; Dinho se réfugie dans la religion tandis que l'aîné, Denis, déjà père d'un enfant, gagne difficilement sa vie. Leur mère, Cleusa, femme de ménage qui élève seule ses quatre enfants nés de pères différents, est à nouveau enceinte. A l'image d'un Brésil en état d'urgence et en crise identitaire, tous cherchent une issue.

Si Linha de passe évoquait à la fois l'univers du football et un lieu un peu exotique et dépaysant, le titre français, Une famille brésilienne, est, en quelque sorte, un court résumé de la situation. Car, comme son nom l'indique, Une famille brésilienne est bien une chronique familiale, suivant la vie de cinq individus, une mère et ses quatre fils, tous nés de pères différents. Si Dario se destine à une carrière de footballeur, Dinho, lui, a intégré l'église évangélique, tandis que Denis est un coursier et Reginaldo, le petit dernier, cherche son père. Quatre personnages pour une radiographie de Sao Paulo, et du Brésil en général, chacun d'entre eux représentant une strate de cette société. Foot et religion. Les coursiers et la recherche d'identité. A travers eux, Walter Salles et son épouse Daniela Thomas construisent ainsi une sorte de récit sur la violence et les frustrations d'une jeunesse sacrifiée. Elle est aussi bien physique que morale ou verbale, Dario n'arrivant pas à réaliser son rêve, Denis, à subvenir aux besoins de son fils. Tout comme Cleusa, leur mère, obligée de faire des ménages pour élever ses enfants, alors qu'elle est enceinte. A travers eux, c'est aussi une facette du Brésil que tend à dépeindre le réalisateur, donnant une sorte d'universalité à son propos en intégrant l'histoire personnelle à celle d'un peuple. Par le foot, notamment, mettant en corrélation, par l'utilisation d'un montage parallèle, une équipe de professionnels et celle de Dario, sur un terrain désaffecté. Par l'utilisation d'une caméra légère, Walter Salles se rapproche toujours le plus possible de ses compatriotes, filmant avec une intensité rare la ferveur des stades de foot et l'amour des supporters envers leurs équipes...

C'est d'ailleurs cette sensation, souvent présente, de proximité qui transparaît dans Une famille brésilienne, Walter Salles trouvant une énergie électrique, à l'image de la représentation qu'il fait du Brésil, en restant au plus près de ses personnages. Suivant les jambes des joueurs durant un match de foot ou le scooter de Denis, zigzaguant entre les voitures et les camions. Un effet malheureusement bientôt noyé au milieu d'un choix de forme assez contemplatif, usant d'images muettes sur lesquelles la même musique reviendra en boucle. Même si le vrai problème d'Une famille brésilienne demeure en réalité ailleurs. Car, au bout d'1h48 de projection, c'est un goût d'inachevé qui nous envahit, Walter Salles ne semblant pas aller au bout de son récit. Avec ses cinq histoires distinctes, le réalisateur prend ainsi le temps de jongler entre elles, au point de donner souvent la sensation d'une stagnation. Chaque intrigue avançant à pas de loup, ne proposant pour la plupart aucune issue... Une impression qui empêche d'ailleurs la création d'un réel suspense lors du final, gâchant l'intensité du moment. C'est donc avec une certaine frustration que l'on ressort d'Une famille brésilienne, tout comme l'était ces personnages durant le film, Walter Salles n'ayant pas réussit à retrouver la même force narrative que pour Carnets de voyage. Une petite déception pour un film récompensé à Cannes par le prix d'interprétation féminine pour l'actrice Sandra Colveni, alors que tout le monde pensait à Martina Gussman pour Leonera. Dans tous les cas, cette deuxième projection m'aura permis de comprendre une chose: pourquoi je n'en n'avait aucun souvenir malgré sa vision à Cannes, l'année dernière. Une famille brésilienne étant, malheureusement, un film assez éphémère...

 




> Festival international de Cannes 2008: prix d'interprétation féminine

Crédit photo: Diaphana Films

Publié dans En salles

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V
What what what !? Moi je m'en rappellerais de ce très beau film. Ne serait-ce que pour ces scènes qui retranscrivent à merveille le ressenti individuel d'un footballeur au sein de son collectif, ce dilemme entre vouloir épater par soi-même et jouer collectif. Et puis même en dehors du foot, la mise en scène est très belle, non vraiment, bon film.
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R
C'est vrai que même si j'ai aimé le film, il ne m'en reste déjà plus grand chose. Dans six mois, je ne me rappellerai même plus l'avoir vu...
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L
<br /> <br /> C'est d'ailleurs un symptôme assez régulier depuis ce début d'année...<br /> <br /> <br /> <br />