Chatroom / Hideo Nakata

Publié le par Limess

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Sortie: 11 août 2010

> L'histoire: Solitaire, William, 17 ans, passe ses journées sur Internet et ouvre un forum de discussion afin de discuter avec des adolescents de la ville. Il est bientôt rejoint par Eva, Emily, Mo et Jim, qu'ils invitent à vider leurs sacs...

Présenté au dernier festival de Cannes, sélection Un certain regard, Chatroom marque le retour en Occident d'Hideo Nakata, plusieurs années après ses propres remakes américains de la saga The Ring. Installé en Angleterre, il y suit les déboires d'un groupe d'adolescents, réunis régulièrement sur un forum de discussion sur internet, la dit "Chatroom". Partant d'une idée plutôt originale, Hideo Nakata propose à travers son film une matérialisation visuelle d'internet. Soit un couloir donnant accès à une multitude de pièces, tout comme internet permet de se balader d'un forum à un autre. Dans l'une de ces pièces se rencontreront donc cinq adolescents, au sein d'un forum de discussion créé par William (Aaron Johnson, héros de Kick-Ass). L'occasion de se faire de nouveaux "amis virtuels" et de déballer son sac quant à ces problèmes quotidiens. Les parents, les amours, l'école, le manque de confiance en soit... Chacun donnant des conseils, partageant avec les autres leur propre expérience. Jusqu'à ce que William prenne en grippe l'un d'entre eux, Jim (Matthew Beard), adolescent mal dans sa peau, le poussant petit à petit à commettre l'irréparable... Ouh, le vilain ! Car là où un thriller virtuel avait de quoi être alléchant, Hideo Nakata s'embourbe peu à peu dans une série de clichés éculés, faisant de Chatroom une sorte de manuel préventif quant aux dangers d'internet. C'est bien connu, les adolescents passant leur temps dans le monde virtuel étant tous, é-vi-dem-ment, des jeunes à problèmes. Et c'est parti pour un catalogue de stéréotypes, les adolescents d'Hideo Nakata étant soit des psychopathes, soit des dépressifs, soit des petits bourges aux problèmes insignifiants. D'abord, il y a William, donc, à l'origine de cette fameuse Chatroom. Lové au sein de sa chambre, les rideaux tirés, celui-ci se réfugie sur internet afin de fuir ses problèmes familiaux. Lui qui ne supporte pas l'amour débordant de ses parents vis à vis de son frère aîné. Cherchant sur internet une cible afin de le pousser au suicide, trouvant son bonheur dans la destruction d'autrui. Autour de lui, Eva (Imogen Poots), jeune mannequin qui aimerait bien s'éloigner de ses copines "bitchies" dont elle se sent supérieure; Emily (Hannah Murray, échappée de Skins), bourgeoise coincée qui aimerait provoquer ses parents; Mo (Daniel Kaluya), amoureux d'une petite fille de 11 ans et qui se demande s'il n'est pas pédophile; et Jim, dépressif sous calmants. La question étant maintenant de savoir si l'un d'entre vous se retrouve dans l'un de ses portraits ?

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Nous entraînant dans un univers pop, surchargé et ultra coloré, passant de pièces "forum des discussions" à des profils caractérisant chaque personnage, Hideo Nakata nous invite peu à peu dans les recoins les plus sombres d'internet. Séances d'humiliation, pédophiles cachés derrière des avatars de jeunes filles, plateforme où l'on peut se défouler, chacun y est libre de déverser sa haine et ses colères. Une face obscure d'internet, certes bien réelle sur la toile, ne nous mentons pas, mais dont Hideo Nakata se sert pour stigmatiser le tout. Le cinéaste surlignant en permanence les perversions d'internet, s'appuyant pour cela, à coup de gros plans subjectifs, sur le personnage de William. Et il faut le voir, Aaron Johnson, surjouant le tout, sourire en coin, deux expressions faciales seulement, baissé doucement la tête sur le côté afin de prouver à quel point il est démoniaque. Au point de rendre le tout particulièrement risible, voir même énervant. Hideo Nakata s'octroyant le droit à des raccourcis des plus hallucinants afin de booster son récit, à commencer par le piratage d'un ordinateur à l'aide d'un téléphone portable. Wouah ! Grossièrement écrit, grossièrement réalisé, grossièrement interprété, Chatroom se révèle ainsi vite une oeuvre particulièrement indigeste. Prouvant à quelle point une idée originale ne donne pas forcément lieu à un bon film quant le reste ne suit pas. Et à ceux qui ont fait un procès facile à L'Autre monde, intriguant deuxième long métrage de Gilles Marchand, quant à sa vision d'internet... courez donc voir Chatroom. Sur le même sujet, l'autre vous paraîtra tout de suite d'une justesse incroyable !

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Crédit photo: Diaphana Films

Publié dans En salles

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A
<br /> Etrange, je n'ai pas eu la sensation d'un film grossier, bien au contraire. Si les raccourcis dont tu parles enrayent un peu la machine, j'ai trouvé le tout très convaincant, tant visuellement que<br /> sur le plan de l'interprétation. Alors, bien sûr, sans doute est-ce un peu forcé et diabolisé à outrance, mais le propos ne m'en a paru que plus juste...<br /> <br /> <br />
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